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Innovation sociale: premier immeuble coopératif à Paris

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Innovation sociale: premier immeuble coopératif à Paris

Le XXe arrondissement de Paris accueille désormais son premier immeuble coopératif, une initiative qui permet à plusieurs habitants de bénéficier de logements sociaux à prix réduit pendant plusieurs années. Ce projet, pionnier dans la capitale, représente une véritable révolution dans le domaine du logement social.

Une décennie de travail pour une réalisation collective

Il a fallu remonter dix ans en arrière pour retracer les origines de cette coopérative d’habitants parisienne, comme le raconte Le Parisien. Ce groupe d’habitants a pris en main la construction de leur propre immeuble de logements sociaux : un bâtiment de sept étages abritant dix-sept logements, rendu possible par la loi ALUR de 2014. Contrairement aux propriétaires traditionnels, les résidents bénéficient d’un droit de jouissance de 60 ans. Le mois dernier, ils ont enfin pu emménager dans leurs nouveaux logements. «Ça y est, on l’a fait», se réjouit une occupante. Situé au 46 rue Sorbier, près de la place Gambetta, son appartement de trois pièces au quatrième étage offre une vue imprenable sur la tour Eiffel et le Sacré-Cœur.

Le coût de ces logements reste abordable puisqu’ils relèvent du logement social. Par exemple, un appartement de trois pièces est loué à 950 euros par mois, charges comprises. Pour un studio de 32 m², le loyer est de 425 euros. L’objectif principal de ce projet n’était pas simplement de proposer des logements à bas prix, mais de créer une barrière contre la spéculation immobilière, comme le souligne le compagnon de l’occupante interrogée, fondateur d’Utop. Tous les résidents doivent répondre aux critères de revenus pour prétendre à un logement social.

Pour mettre les tarifs des logements coopératifs en perspective, il est intéressant de les comparer aux loyers moyens du parc locatif privé à Paris. Selon Meilleursagents, le loyer moyen dans les annonces du parc privé est de 31,4 euros par mètre carré. De son côté, l’Observatoire des loyers de l’agglomération parisienne (Olap) indique que les loyers moyens à la relocation en 2022 étaient de 26,2 euros par mètre carré. Ainsi, dans le parc privé, il faut compter entre 800 et 1 000 euros pour un appartement de 32 m², et entre 1 900 et 2 300 euros pour un logement de 72 m². En comparaison, les logements coopératifs offrent des tarifs nettement plus abordables, rendant cette option particulièrement attractive pour les habitants à revenus modestes.

Un modèle économique et social innovant

Le projet a été réalisé avec le soutien de la coopérative HLM Coopimmo, qui a réhabilité le terrain et financé l’emprunt sur 60 ans. Chaque habitant paie une redevance de 13 euros par mètre carré. Après ces 60 ans, les habitants récupéreront leur mise de départ de 2 250 euros et l’immeuble restera destiné au logement social. En plus de leur logement, les résidents bénéficient de nombreux espaces communs : un toit-terrasse, une buanderie, un local à vélo, et une grande salle de réunion de 50 m². Chaque mois, ils organisent un « conseil d’habitat » pour prendre les décisions importantes concernant la gestion de l’immeuble.

Cet immeuble coopératif de 17 logements va abriter 19 adultes et 22 enfants.

Une Communauté Diversifiée et Dynamique

Si la majorité des résidents étaient impliqués dès le début du projet, certains ont rejoint l’initiative en cours de route, comme une jeune femme de trente ans tirée au sort. Elle exprime sa gratitude en affirmant qu’elle n’aurait jamais pu imaginer emménager dans ce quartier sans la coopérative. Dans ce secteur, les prix oscillent autour de 8 500 euros le mètre carré, pouvant atteindre plus de 10 000 euros. Les habitants mettent en avant les avantages de cette vie en communauté, où le partage des ressources permet de réaliser des économies substantielles chaque mois.

Ce projet, bien que premier du genre à Paris, n’est pas unique en France. On compte déjà une trentaine de projets similaires et environ 90 autres en cours de réalisation. Cette initiative pourrait bien être un modèle à suivre pour lutter contre la crise du logement et la spéculation immobilière dans les grandes villes.